Synopsis :
En 1805, le capitaine Jack Aubrey est une des figures les plus brillantes de la Marine Royale britannique. Son courage, sa ténacité, son sens tactique lui ont valu le respect et l’admiration des officiers et matelots du vaisseau de guerre « Surprise ».
Fidèle compagnon de ces aventures, le Docteur Stephen Maturin est son exact opposé. Chirurgien, chercheur et naturaliste passionné, son amour de la musique est son seul point commun avec Aubrey. Ces deux hommes, si contrastés, n’en ont pas moins forgé de solides liens d’amitié.
Attaqué par le navire français Achéron, le « Surprise » est gravement endommagé et perd une bonne partie de son équipage. Sourd aux conseils de prudence du chirurgien, Jack se lance à la poursuite de l’ennemi. Du Brésil aux Galápagos, en passant par les eaux traîtresses du Cap Horn, sa quête tourne bientôt à l’obsession…(Allocine.fr)
Qu’est ce qui rend un film supérieur ? Son histoire ? Ses thématiques ?Le réalisateur ?
Le casting ? Les aspects techniques ? Le score ? Le succès commercial ?
Tellement de critères pour évaluer, et pourtant c’est très rare qu’un film réponde favorablement à eux tous, prenant notre film d’aujourd’hui : à en juger son synopsis, ses thèmes et ses revenus, le film est inférieur à la moyenne. Pour commencer, il n’a pas d’histoire en vrai sens du terme, ou plutôt l’histoire est trop simple à décrire : un capitaine de navire et son équipage qui se lance à la poursuite d’un vaisseau français à travers l’océan Pacifique, certainement pas le premier choix pour un passe-temps cinématique !
Le film a aussi spectaculairement échoué au box-office au point que le plan initial était d’en faire une franchise de 10 films, mais ses chiffres frustrants ont tellement découragé les studios que le projet a été annulé dès la sortie du premier film. Mais d’autre part, et prenant en considération le reste des critères, Master and commander a plus que récompensé les critères susmentionnés : il a eu un franc succès critique, dix nominations dans différentes catégories à la cérémonie des oscars, dont 2 remportés (meilleure photographie et meilleur montage de son), ce que fût un exploit à l’époque tenant en compte qu’il faisait face à un monstre de succès critique et publique à savoir « Le Seigneur des anneaux : Le retour du roi » Peter Weir, le réalisateur notamment connu pour « Le Cercle des poètes disparus » et « The Truman Show », a fait le choix plutôt courageux de sacrifier la facilité et l’accessibilité afin de gagner l’authenticité, il a choisi une époque peu explorée dans le cinéma, une histoire mobilisée par les caractères et les dialogues plutôt que par les événements, un langage ancien et des termes nautiques techniques qui risque d’aliéner les spectateurs, mais qui est fidèle à celui utilisé dans un vaisseau anglais au 19ème siècle, son objectif était de recréer l’environnement aussi identiquement que possible, et son objectif a été bel et bien atteint, car en regardant le film, on a l’impression d’être membre de l’équipage, il y a un terme dans le monde des jeux vidéo qui s’appelle « immersif », utilisé souvent pour décrire l’expérience de vivre dans le jeu, c’est l’adjectif que j’utiliserais pour décrire ma propre expérience regardant ce film.
Mais outre sa valeur artistique, Master & commander délivre en abondance dans le monde de management et du leadership, Capitaine Aubrey ne se contente pas d’un seul style de leadership, mais il s’adapte, avec aisance, face à toutes les situations et fait preuve d’un grand modèle qui inspire son équipage à le suivre même dans les situations les plus dangereuses.
Ainsi, on observe Capitaine Aubrey, joué à la perfection par Russell Crowe, appliquer l’un des 6 styles de leadership de Daniel Goleman selon besoin, et à chaque fois, il obtient les résultats espérés..
Le style Directif ou le style autoritaire :
On le voit en plein mode autoritaire lorsque sa position de capitaine est annoncée, par le positionnement de son chapeau, le visage ferme et le rejet de toutes objections. Ce style est plus évident lorsqu’il arrête la plainte de son ami au sujet d’une promesse non tenue : « Nous n’avons pas le temps pour vos loisirs, Monsieur ! » Fin de la conversation.
Le style visionnaire :
La mission ultime du capitaine Jack Aubrey est son attachement à son pays. Il choque son équipage à plusieurs reprises avec sa persistance à poursuivre le navire ennemi, au-delà des ordres, au-delà des attentes et au-delà même de la raison. Pourtant, il leur rappelle à plusieurs reprises qu’ils sont « un navire de guerre » qui est en guerre et qu’ils doivent agir en conséquence, quels que soient les risques. Le devoir et la loyauté ne sont pas en fin de compte envers la hiérarchie, mais envers le grand objectif, qui a propulsé le chef dans le service. Dans un discours émouvant à tout son équipage, il annonce :
« Celui-là n’est pas un vaisseau. C’est l’Angleterre ! » Inutile de décrire la réaction de ses collaborateurs, il faut la voir pour s’inspirer.
Le style Collaborateur :
Aubrey développe la camaraderie avec son équipe des officiers, dînant fréquemment et ayant des conversations ensemble. Il participe aux chants et échange des blagues. Ces bons moments lui permettent de développer une connexion personnelle avec ses principaux dirigeants et de construire un « capital » de leadership, augmentant ainsi sa crédibilité pendant les parties les plus désespérées de leur voyage. Les scènes dans lesquelles le navire doit être réparé sont d’excellentes démonstrations de collaboration. Aubrey rend personnellement visite aux hommes blessés sur le navire. Il inspecte les dommages. Il donne à l’équipage le pouvoir de s’occuper de ses propres réparations, reconnaissant qu’ils étaient mieux informés que lui sur ces détails. En somme, il crée un environnement dans lequel ils travaillent tous ensemble en utilisant leurs forces et leurs capacités individuelles pour atteindre un objectif commun.
Le style visionnaire :
Au cours des processus de diagnostic qui ont suivi leurs batailles avec l’Achéron, Aubrey et son équipe ont passé beaucoup de temps à élaborer ensemble des scénarios théoriques pouvant déboucher sur la victoire. L’ensemble de l’équipage a participé à des exercices tactiques chronométrés et à des exercices pratiques de tir au canon. Ils ont anticipé divers scénarios de bataille et répété les étapes nécessaires pour assurer le combat.
De même, nous voyons Aubrey consulter son ami le médecin et lui demander ce que les hommes pensent et disent. Certes, il faudrait mettre beaucoup de pression pour le convaincre de mettre fin à la poursuite, mais il fait preuve de sagesse en écoutant la voix de la raison représentée par son ami.
Le style Chef de file :
Aubrey n’a aucune objection à s’impliquer avec ses collaborateurs si nécessaire, il grimpe au sommet du grand mât afin d’avoir une vue plongeante, et fait preuve d’empathie pour les âmes humaines à travers les rituels de la mort, où il annonce les noms et les rôles des officiers et des conscrits avec le même degré de fierté et de respect.
Le style Coach :
Aubrey aime coacher ses officiers. Il les encourage délibérément non seulement à vénérer son propre coach et mentor, Lord Nelson, le capitaine britannique légendaire, mais aussi à l’imiter en tant qu’être humain.
Jack profite aussi des situations de travail difficiles pour encadrer les autres afin de surmonter les défis. Suite à une scène d’insubordination, il explique que le travail d’un officier est de diriger, pas d’être un ami. Il encadre les gens de manière informelle dans des situations d’apprentissage critiques, plutôt que dans des salles de classe formelles.
Au cours d’une attaque, un jeune aspirant subit une blessure qui nécessite l’amputation de son bras. Alors que le garçon se remet d’une opération, le capitaine Jack lui rend visite et lui apporte un cadeau : un livre sur son idole Lord Nelson. Le garçon ouvre le livre, la caméra zoome sur un croquis de Lord Nelson portant son manteau de marine. et il n’y a pas de main qui sort de la manche, coïncidence ?
Toutes ces situations ne rendent pas Capitaine Aubrey un homme invincible, il commet des erreurs, il a des doutes, il prend des décisions difficiles qui sont désapprouvées par son équipage, voire condamnés par son ami le docteur, mais à la fin, son équipe le suivrait jusqu’à la fin, car ils savent que leur leader n’est pas impressionné par l’obéissance aveugle, il préfére que ses subordonnés génèrent des idées, développent leurs forces et opèrent à partir de leurs valeurs et passions fondamentales, tout en prenant soin d’eux, ils savent qu’ils sont entre les mains d’un leader capable.
Avec tous ces messages et ces apprentissages, ce n’est pas étonnant que Master and Commander fasse l’objet de plusieurs thèses dans des universités reconnues dans les Etats-Unis et la Royaume-Uni, il est aussi très populaire parmi la marine américaine même si le héros fût une figure non américaine.
Pour conclure, et revenant à ma question concernant la supériorité du film, je dirais que pour moi, ce qui rend un film remarquable est le feeling qui reste après le générique final, et pour ce film en particulier, et avec la dernière scène jouée parfaitement avec la mélodie joyeuse de Boccherini, je me rappellerai toujours que Master and Commander m’avait laissé avec un large sourire stupide et une avidité pour le revoir encore une fois.
Recommandations des films sur les leaders :
Braveheart (1995) :
L’histoire de William Wallace, symbole de l’indépendance écossaise immortalisée par Mel Gibson.
Miss Sloane (2016) :
Jessica Chastain au titre principal jouant une lobbyiste prête à tout engager pour soutenir une loi limitant le port d’armes à feu, et elle le fait sur des talons hauts !
The Iron Lady (2011) :
Margaret Thatcher interprétée par Meryl Streep..
Chak De India (2007) :
Inspiré des faits réels, où Shahrukh Khan joue un rôle atypique de coach sportif pour l’équipe nationale féminine indienne de hockey, ce film montre aussi un exemple formidable de cohésion d’équipe.
Fatima Kassimi
Coach Personnel et Professionnel, Responsable Développement RH.