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23 Juil 2020

Peut-on tirer une flèche quand on n’a pas de cible ?

Cet article est un extrait adapté de l’ouvrage à paraître fin 2020« Manager son Equipe : entre Savoir-Faire et Savoir-Etre », O. Belkheiri

En période de confinement, beaucoup d’entre nous ont eu l’occasion, la chance ou l’opportunité (chacun sonprisme) de réfléchir sur leur passé. Ce qu’il faisait allégrement et sans contraintes et que maintenant il en est tout bonnement privé. Bien des habitudes naturelles et anodines avant, sont en période de confinement, un objet de concentration (car elles sont bridées) et de réflexion sur leur pertinence, leur bénéfice, leur coût, leur utilité, leurs conséquences, etc.

Quoi de plus naturel qu’après une telle opportunité de réflexion profonde et continue, on puisse se projeter dans le futur avec de nouvelles «résolutions » ou objectifs à réaliser et à atteindre. C’est louable. Il serait alors prudent et judicieux d’étendre notre réflexion également à notre mode de décision et de choix de ces objectifs.

MÉTAPHORE DE LA CIRCULATION

Vous êtes en voiture (c’est votre maison, votre famille, votre vie) et vous vous retrouvez dans un rond-point mais vous tournez en rond : quelle sortie prendre ? (une décision importante dans votre vie personnelle ou professionnelle). Vous pouvez peut être choisir de prendre la première sortie qui se présente à vous (la première occasion dans votre carrière, ou opportunité relationnelle, etc.), comme vous pouvez faire le choix de prendre la sortie la plus large et donc simple à prendre (facilité, confort, évitement des difficultés et des souffrances, etc.), ou encore vous empruntez une sortie car vous êtes bloqué ou poussé par les voitures qui sont autour de vous dans le même rond-point (votre famille, vos amis, la société, l’entreprise qui vous pousse, exige de vous ou vous conseille). Le résultat est que vous empruntez une voie et que peut-être, au bout de quelques centaines de mètres ou km plus loin (des années plus tard), vous ressentez toujours moins de satisfaction, faible accomplissement de soi, quelque chose qui vous manque encore : bref, vous vous retrouvez encore dans un autre rond-point.

DÉCISION, OBJECTIFS ET VISION SONT INTIMEMENT LIÉS :

Préciser des objectifs est essentiel pour mener à bien le processus de décision. Ce rond-point aurait pu être mieux négocié si la direction était clairement connue à l’avance. Très logique nous dira-t-on ! Mais en réalité, si on se retrouve souvent de manière « brusque » dans les ronds-points de la vie, c’est parce que nous ne nous sommes probablement pas les pilotes de nos voitures. Ce sont ces dernières qui nous pilotent ! Quand on prend conscience, on y est déjà. Mais si on fait l’exercice de travailler sur nos objectifs cela facilitera grandement notre prise de décision.

L’objectif serait donc le point souhaité comme destination en sachant que nous allons passer par le fameux rond-point. Plus encore, ce point n’est pas une fin en soi mais un passage pour aller plus loin dans notre vie : avoir une vision plus lointaine.

Dans un champ considéré (professionnel, familial, amical, santé, spirituel, etc. – clin d’oeil à la « roue de la vie »), les différents objectifs que l’on se fixe doivent servir cette vision pour garantir un système de décision cohérent. Ils doivent donc être toujours placés dans un cadre plus global qui est celui de la vision (ou finalité ou but) : le « Pour Quoi » je vais chercher à atteindre cet objectif prend toute son importance. Si non, on peut ressembler à des personnes qui réussissent beaucoup de choses dans leurs vies mais manquent de sens et donc expriment une insatisfaction globale malgré leurs réussites probantes et très apparentes. On ne fixe pas des objectifs pour eux-mêmes ou pour le plaisir d’en avoir mais plutôt pour arriver à « quelque part », vers « quelque chose » en nous-même (interne : un état) ou à l’extérieur (externe : une situation).

LES OBJECTIFS NÉCESSITENT DES CRITÈRES :

L’objectif constitue donc une cible à atteindre, un résultat désiré à court ou moyen terme et qui sert directement la vision. Lorsqu’il est bien défini, il nous aide à dépasser l’approche orientée problème vers une approche orientée solution et par ricochet à renforcer notre confiance dans notre façon de décider, notre engagement et notre lucidité.

Définir un objectif revient à vérifier que des critères sont réunis lors de son expression (par écrit : c’est plus sûr, moins ambigu et révisable à volonté). Plusieurs modèles existent à cet effet. Le plus connu est le SMART (spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et temporel). Il est applicable aussi bien pour les objectifs assortis de résultats quantitatifs que qualitatifs.

SMART ET SES DÉRIVÉES :

Très connue, cette méthode demeure sujette à quelques biais dans l’interprétation opérationnelle. Les « S », « M » et « T » de la méthode sont clairs et sans ambiguïtés, les « A » et « R » changent en fonction des utilisateurs comme le montre la figure suivante. Dans la version originelle (mais pas tout à fait !1) et la plus usuelle, le « A » correspond au qualificatif « Atteignable » qui devient dans une version dérivée : « Réalisable » en gardant le même sens et en le combinant avec le qualificatif « Réaliste ».La version SMART enrichie par l’approche PNL, ajoute trois concepts fort intéressants pour vérifier l’autonomie, l’auto-protection et l’expression positive de l’objectif : respectivement « Responsable », « Ecologique » et « Positif ».

L’OBJECTIF « JUSTE » OU THE RIGHT GOAL

L’objectif peut également être approché de manière plus élargie en termes de critères de pertinence comme est proposé dans le modèle « The Right Goal » de J. Whitmore. L’objectif devra répondre à quatorze critères : SMART, PURE et CLEAR, explicités plus loin.

En conclusion, quelle que soit la méthode adoptée, ce qui compte c’est de toujours penser à clarifier ses objectifs sur deux plans :

1. Le sens et la finalité derrière son utilisation : les objectifs doivent être connectés à une vision qui les fait converger ; ce qui renforce et garantit la cohérence de notre système de décision.

2. Protéger l’objectif de tout risque de ne pas être clairement intelligible, objectivement contrôlable dans son évolution et évaluable à terme (en utilisant le modèle qui vous semble le plus adéquat).

M. BELKHEIRI Omar
Universitaire, Consultant et Coach en Entreprise

Article du magazine « AIGLE » , 5ème édition