Nous vivons aujourd’hui dans un monde en profonde mutation. Le Covid-19 et les mesures prises pour y faire face, la guerre de l’Ukraine…etc. ont provoqué un effondrement sans précédent sur l’économie mondiale. Ces mutations que nous vivons et que nous pouvons qualifier de permanentes, qu’elles soient d’ordre économique, technologique, réglementaire, démographique ou social, ont des conséquences profondes sur les organisations, le contenu même du travail et les compétences attendues des salariés. Petit à petit, une nouvelle normalité s’installe même si ses contours ne sont pas encore clairement définis et visibles.
Habituellement, les managers prennent du temps pour étudier, analyser, discuter, benchmarker, échanger, expérimenter et décider avec une certaine maitrise de l’environnement qui les entoure. Aujourd’hui, ils sont obligés parfois de décider et d’agir sans aucune visibilité, ni une bonne maitrise des éléments. Ils foncent droit devant et apprennent chemin faisant. C’est bien pour cela que les profils de personnalité qui sont à l’aise avec la prise de risques et l’esprit d’équipe s’en sortent mieux que les autres.
Les entreprises sont mises à rude épreuve; Il faut s’adapter aux nouveaux contextes et apprendre à manager autrement… En effet, leur devenir repose étroitement sur leur capacité à définir une stratégie au regard des évolutions de leur environnement, et à la décliner par rapport aux différents leviers d’action dont elle dispose pour préserver leur compétitivité : la technologie, l’organisation et les modes de management, mais aussi les compétences et les conditions de travail des salariés, qui collaborent, conçoivent, réalisent, proposent, organisent… dans le cadre de leur activité. Prendre en compte le levier des ressources humaines et investir dans les soft skills devient alors une étape incontournable pour les entreprises si elles souhaitent développer leur productivité, gagner en notoriété et réussir tous les challenges qui vont se présenter à elles.
Les soft skills, les compétences douces, comportementales ou transverses… définissent les compétences humaines et comportementales qui comprennent l’ensemble des notions de savoir-être permettant de bien s’intégrer dans l’entreprise et favoriser une évolution collective. Les soft skills concernent tous les secteurs professionnels, et permettent d’intégrer de nombreuses qualités personnelles immatérielles telles que : le travail en équipe, l’empathie, l’ouverture d’esprit, l’assertivité, la gestion du temps et du stress, la créativité…etc.
Toutes ces compétences reposent sur l’intelligence relationnelle et émotionnelle que nous pouvons tous maîtriser lorsque nous y prenons conscience au quotidien.
L’importance de l’acquisition des soft skills est importante à plusieurs niveaux. En plus qu’elles permettent le développement personnel et l’épanouissement des personnes, ces compétences ne sont pas périssables. A la différence des hard skills ou compétences techniques, elles ne deviennent pas obsolètes. L’évolution accélérée des systèmes d’information ou des technologies exige une formation continue des collaborateurs. Il faut constamment se tenir informé des nouveautés. Par contre, savoir collaborer en équipe, gérer son stress et s’organiser sont des compétences qui leurs seront toujours nécessaires, même si le contexte dans lequel ils sont change. De plus, les compétences techniques ont moins de valeur seules, les soft skills viennent les compléter. Même un développeur en informatique, en plus de savoir bien coder et proposer des applications ou plateformes à ses clients, doit pouvoir gérer ses projets et communiquer avec ses collègues.
Les soft skills sont plus difficiles à acquérir, les compétences techniques peuvent s’acquérir facilement, lors d’un cursus scolaire ou dans le cadre de la formation professionnelle. La technique peut se bonifier à travers le temps (expertise). En revanche, les compétences comportementales sont plus difficiles à maîtriser car elles sont une combinaison de savoirs, d’expériences et sont fortement reliées aux traits de personnalité. Il n’est pas facile d’apprendre à développer des compétences pour la gestion de conflits mais une fois acquises, elles serviront dans toute entreprise et toute fonction.
Développer ses compétences douces nécessite un fort engagement dans son développement personnel et beaucoup d’entraînement. Mais le jeu en vaut la chandelle, car à compétences techniques égales, ce sont les soft skills qui différencieront un salarié d’un autre.
En tant que formatrice et consultante en management et soft skills et d’après ma modeste expérience d’accompagnement avec certaines entreprises multinationales, je confirme que les compétences techniques à elles seules ne sont pas suffisantes. D’ailleurs elles ne doivent même pas représenter le seul critère de différentiation ni de recrutement. J’ai remarqué également lors de mes entretiens un énorme besoin chez les personnes et une avidité à maîtriser certaines de ces compétences pour leur propre épanouissement, personnel et professionnel.
Pour optimiser les soft skills, habituellement on commence, tout d’abord par identifier les forces et les faiblesses pour que les apprenants prennent eux même conscience de certaines compétences dont ils ignorent la maîtrise et qui ressortent comme indispensables dans la bonne exécution de leur travail. Ensuite, on définit avec tout un chacun les propres objectifs personnels pour développer leur savoir-être dans un environnement professionnel. Des mises en scène et des jeux de rôle permettent de les appliquer dans le contexte particulier auquel ils sont confrontés dans le cadre des missions et des systèmes organisationnels propres à leur entreprise. Plusieurs autres méthodes existent pour travailler ces soft skills. Entre autres, on peut citer les formations thématiques qui permettent, par une alternance de séquences théoriques et pratiques, d’ouvrir la porte de la thématique choisie et d’avoir un retour immédiat des pairs ou du formateur. Par exemple, pour travailler la “prise de parole en public”, l’entraînement face aux autres participants pourra être une porte d’entrée formations à distance qui ont l’avantage de la grande flexibilité dans l’apprentissage et où chacun peut aller à son rythme et avancer selon les contraintes de son agenda. EIles se prêtent particulièrement bien à diffuser des outils ou techniques que les participants peuvent ensuite essayer seuls, en autonomie. Ces formations à distance sont utiles en complément, par contre tout miser sur elles paraît risqué car l’interaction humaine est souvent clé dans le développement de ces compétences. Or, l’interaction en groupe et à distance n’est souvent pas possible, ce qui crée un désengagement de ces parcours. Enfin, le coaching présentiel, outil très puissant car très personnalisé, permet à la fois l’interaction avec un professionnel et l’adaptation à l’agenda individuel. Il est plus opérationnel puisque l’échange sera toujours centré sur la situation de la personne et sur ses soft skills propres et non sur un cas fictif. Il présente l’avantage d’être étendu dans le temps et d’alterner sur plusieurs semaines des phases de pratique concrète et d’échanges.
La montée en puissance du besoin des organisations en formations Soft Skills pourrait être les prémices de profonds changements dans la manière de gérer et manager les compétences au sein des organisations. Ces changements nécessitent l’acceptation et l’intégration de nouveaux paradigmes adaptés à la réalité de chaque entreprise, et donc de nouvelles pratiques, tant collectives qu’individuelles. Dans un monde de travail en quête de sens, il n’est pas déraisonnable de laisser la douceur prendre le pouvoir !
NARJISS LAMARTI SEFIAN
Coach professionnelle certifiée et formatrice en entreprise