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16 Mai 2022

AVIS D’EXPERT : L’entrepreneuriat, une affaire d’accompagnement

Depuis plusieurs mois, la crise sanitaire nous a projeté dans une nouvelle aire pleine de questionnements, d’incertitudes et de quelques réponses dites « résilientes » et « agiles » à certaines problématiques circonstancielles. Ces réponses ont été apportées par des entrepreneurs qui ont su dénicher des opportunités au milieu de la crise, prendre des risques et apporter des réponses adéquates à des besoins anciens ou naissants.

En effet, la quête de sens, l’autonomie professionnelle, la liberté et la reconnaissance figurent parmi les motivations qui poussent les porteurs de projets à se lancer dans la création de leurs entreprises. Toutefois, la prise de risque et l’innovation sont les composantes phares pour mener à bien un projet entrepreneurial. En effet, même si la crise sanitaire a fragilisé plusieurs composantes de la vie socio-économique, elle semble incarner l’occasion propice pour entreprendre et se frayer un chemin dans la tourmente « covidienne » avec ses aléas difficiles à estimer. Et qui d’autre que l’entrepreneur schumpetérien pour oser ! D’ailleurs, pour cet entrepreneur, la notion du risque définit l’essence même de son activité et la pandemie s’est présentée comme un exercice fatal en vue d’apprivoiser le risque, de contourner l’incertitude et de proposer des solutions innovantes et adaptées au nouveau contexte.

Au Maroc, l’entrepreneuriat est considéré comme un axe majeur dans le nouveau modèle de développement. En effet, « une révolution entrepreneuriale » est vivement recommandée en vue d’instaurer la culture d’entreprendre chez les jeunes. A noter que depuis les années 90, le Maroc s’est engagée dans la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes à travers plusieurs initiatives qui n’ont pas atteint le succès escompté car heurtées à plusieurs obstacles liés au projet (non pertinent et peu innovateur), à son porteur (non préparé suffisamment), à la lourdeur des procédures administratives et à la méfiance des banques quant à l’éligibilité des porteurs de projet en plus des taux d’intérêts exercés.

1 L’État a lancé en janvier 2020, le « Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat » avec une enveloppe globale de 8 milliards de dirhams en vue de soutenir l’entrepreneuriat des jeunes.

2 Notamment le programme « crédit jeunes entrepreneurs et crédit jeunes promoteurs» et le programme «Moukawalati ». Plus tard, la plateforme Moubadara et le programme INDH ont vu jour en vue de répondre plus adéquatement aux besoins des jeunes entrepreneurs.

Pour pallier ces contraintes et en vue de faire ériger une culture entrepreneuriale auprès des entrepreneurs, plusieurs mesures ont été mises en place, notamment, l’accompagnement des jeunes porteurs de projets. Dans le milieu estudiantin, des ponts se sont créés entre les institutions d’enseignement supérieur et les entreprises et les collaborations se sont multipliées dans le cadre de Fablabs, cités d’innovations, incubateurs, etc. Des structures pour encourager et accompagner les jeunes diplômés ou en cours de formation dans leurs démarches entrepreneuriales. D’où, l’introduction en 2018 du Statut National Étudiant-Entrepreneur (SNEE).

En effet, les initiatives entrepreneuriales nécessitent d’être accompagnées et guidées dans presque toutes les parties du processus. D’ailleurs la performance qui en résulte est fortement liée à la qualité et la durée de cet accompagnement. A noter que les entrepreneurs sont généralement des néophytes en matière de gestion des organisations avec toute la complexité qu’elle englobe et l’agilité qu’elle requiert ; ils ont besoin de développer et d’enrichir leurs « bases de connaissances » et doivent apprendre à s’ouvrir sur leur environnement dans une optique de création d’impact et de co-construction avec leur écosystème.

Les structures d’accompagnement prennent souvent la forme d’incubateurs :

  • Issus d’entreprises publics ou privées.
  • Issus d’institutions académiques et scientifiques.
  • Indépendants créés par des entrepreneurs ou des investisseurs privés.

Les objectifs de l’accompagnement sont multiples, nous pouvons citer notamment :

Challenger le projet et le parfaire, Tirer profit de l’expertise des conseillers et leurs connaissances de l’écosystème et des mécanismes de collaboration et d’aide aux porteurs de nouveaux projets, Sortir de l’isolement et échanger avec ses pairs et son écosystème, Explorer ses parties prenantes et les intégrer dans une approche de co-construction dans le cadre d’un écosystème, Avoir accès aux compétences, savoirs et savoir-faire complémentaires, Acquérir ou parfaire ses compétence de chef d’entreprise

La dynamique entrepreneuriale au Maroc a connu une grande évolution ces derrières années sur le plan quantitatif. Toutefois, la pérennisation de ces entreprises et leur développement présentent le souci majeur que les propositions du nouveau modèle de développement semblent vouloir mettre de l’avant et résorber en insistant sur le rôle primordial des structures d’accompagnement et d’appui en vue d’impulser une meilleure dynamique entrepreneuriale capable de générer davantage d’emploi, une meilleure insertion des jeunes dans le monde professionnelle et la réduction des inégalités sociales.